Les Etats Unis, c’est le pays du plus grand, du plus haut, du plus mieux, du plus fort. Quelque soit le secteur, tout est super-sized – la nourriture, d’abord et avant tout, mais aussi le mobilier, les diamants (j’y reviendrai dans un prochain article), les voitures, les autoroutes, les gel douche, tout. En français, on dit le mieux est l’ennemi du bien (d’ailleurs, je n’ai jamais ni vraiment compris ni vraiment aimé cette expression), en anglais, less is more. En réalité, ici, more is more et more is better.
Alors, quand se monte à Broadway la comédie musicale la plus chère de l’histoire, ça fait forcément parler dans les dîners. Jusqu’ici, c’était Shrek qui avait fait exploser les caisses enregistreuses avec sa production monumentale à $24 millions. Maintenant, Spiderman fait passer Shrek pour un nain de jardin, et annonce une addition de plus de 65 millions de dollars, rien que ça. Mais s’il n’y avait que ça, on parlerait déjà d’autre chose dans les dîners. Laissez-moi vous expliquer, il y a encore plus de rebondissements que dans Amour, Gloire et Beauté!
Acte 1 : Spiderman on Brodaway est produite par Julie Taymor, LA productrice de tous les shows qui cartonnent à Broadway, avec une musique de Bono et de The Edge. Pas dégueu. D’ailleurs rien à voir, mais moi aussi, j’ai décidé de m’appeler THE Parisienne à l’avenir, tout de suite, ça fait plus cool. Bon, avec un casting comme ça, on peut s’attendre à un carton.
Acte 2 : Mais, le show a failli ne pas voir le jour, parce qu’avec leurs gouts du luxe a $65 millions, Bono, Julie et The Edge, ils ont failli mettre la clé sous la porte faute de cash. Finalement ils ont trouvé des moyens de financement, mais ça a retardé l’ouverture du show de bien 1 an. Je vous passe le fait que le producteur est mort d’une crise cardiaque ce qui a failli tout faire capoter. Fin de l’acte 2
Acte 3 : Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, le show doit ouvrir en février 2010 puis repoussé à novembre 2010 et être au top pour Noël et ses cargaisons de touristes qui vont voir des shows à la pelle. Le show est particulièrement cher parce qu’il est particulièrement monumental. Spiderman vole dans tous les sens à travers la salle, au dessus de l’audience et fait même un combat de catch aérien avec un méchant juste au dessus de mon nez. Plutôt bluffant. Les décors sont exceptionnels aussi, et recréent l’atmosphère des buildings new yorkais comme dans le comic (enfin, à ce qu’il parait, vous me voyez vous lire un comic book? I am THE Parisienne apres tout, einh, The Edge!). La musique rock est réminiscence de celle de U2 et très adaptée à l’atmosphère. Bref, moi j’ai bien aimé. Mais voilà, comme c’est plutôt compliqué de voler au dessus de la salle sans risques, la date d’ouverture officielle a été retardée. Je vous passe les blessures des acteurs à répétition aux répétitions (pun intended) à force de tomber du plafond. Techniquement ils ne sont toujours pas 100% au top.
Acte 5 : Apparemment à Broadway, et là encore, je ne suis pas une spécialiste, traditionnellement, les critics ne commencent pas à commenter sur les shows pendant les previews. Or dans le cas de Spiderman on Broadway, puisque le show est en preview depuis bientôt 4 mois, les critiques sont tombées et elles sont pour le moins négatives. Pas au niveau du budget de 65 millions de dollars, niveau de danse pas terrible, niveau de chant pas terrible. Je suis plutôt d’accord avec tout ça, mais moi j’ai trouvé le spectacle quand même bleufant. Les décors et la musique m’ont emballé, je ne m’attendais pas à voir un spectacle de danse du niveau de Case-Noisette au Lincoln Center, du coup je n’ai pas été trop déçue de ce point de vue là.
En attendant, ils n’ont pas l’air d’avoir réglé encore les problèmes techniques et le public commence à être lassé de tous ces rebondissements. La bonne nouvelle c’est que ça fait parler du show et que les tickets sont sold out chaque soir, la mauvaise nouvelle c’est que Superman risque d’être la blague de Broadway s’ils n’arrivent pas à se dépêtrer de sa toile d’araignée sans trop tarder.